La démocratisation des états arabes redéfinira le dialogue de sécurité en Méditerranée
Notes internacionals CIDOB, núm. 29
Beaucoup d’Etats ont des comptes historiques à régler avec le régime de Kadhafi et des intérêts à défendre. Ils ont donc agit en conséquence, même si des considérations éthiques sont mises sur le devant de la scène. On s’attendait à ce que l’Algérie fasse de même et soutienne l’opération militaire internationale contre ce régime qui lui a causé tant de problèmes : imprévisibilité politique, entraînement et financement d’éléments subversifs dans la région du Sahel, tentatives visant à faire avorter les médiations algériennes entre les mouvements Azawad et les gouvernements malien et nigérien. Or, elle n’a pas apporté son soutien à l’intervention internationale. Sa position est en fait motivée par des craintes de sécurité réelles plus que par un quelconque soutien au régime de Kadhafi. Dans cette crise, elle emboite le pas aux puissances occidentales qui ont toujours préféré la stabilité à la démocratie.
Dans cette contribution, on examinera, dans un premier temps la manière dont l’Algérie s’est positionnée au plan diplomatique à l’égard de l’intervention internationale; dans un deuxième temps les craintes sécuritaires ayant motivé son attitude ; enfin dans un troisième temps certaines problématiques de sécurité en Méditerranée qui constituent le point d’achoppement dans les relations entre l’Algérie et ses partenaires du Nord : Etats et organisations (Europe, Union et Etats membres, Etats-Unis et OTAN). Certaines de ces problématiques se posent aujourd’hui avec acuité sur fond de crise libyenne.
Légalisme international et anti-interventionnisme… une incohérence ?
L’Algérie est l’un des rares Etats arabes n’ayant pas soutenu la décision de la Ligue arabe de demander l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye pour protéger les populations civiles et les insurgés. Elle avait mis en avant la nécessité de passer par le Conseil se sécurité seul organe compétent, selon elle, pour décider d’une telle opération. Le Conseil de sécurité a voté sa résolution 1973 autorisant l’instauration d’une telle zone ainsi que des frappes contre des sites et des forces militaires du régime libyen. Une fois la résolution votée, l’Algérie « prend acte » de cette décision du Conseil de sécurité de l’ONU. Comment expliquer cette attitude ?
L’Algérie s’attendait-elle à ce que la Chine et la Russie utilisent le droit de véto pour empêcher l’intervention contre le régime libyen ? Voulait-elle qu’une telle décision soit du ressort de la « communauté internationale », jouissant donc d’une légalité et légitimité internationales, par le biais du Conseil de sécurité ?
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